Les pagaies en question !

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Ours
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Les pagaies en question !

Message par Ours » mer. août 19, 2009 12:34 pm

Voici la question type que je reçois et ma réponse en dessous. Elle vaut ce qu'elle vaut mais les mythes ont la vie dure...

"J'utilise actuellement une pagaie alu/plastique et j'aimerais passer à autre chose. Je pensais prendre une pagaie en bois pour son charme et pour mon dos mais vu le SAV et les risques de casse ça me fait peur ; peux tu me conseiller, j'ai lu que les pagaies carbone sont très bien mais peuvent faire mal au dos ? J'utilise mon SUP principalement pour le surf et peu pour la balade."<br>
Voici la réponse de l'Ours :<br>
"Pour les pagaies, on lit tout et n’importe quoi !!!

Voici une analyse des facteurs dans leur ordre d’importance décroissant :

Le premier facteur de traumatisme est l’intensité de pratique : si tu rides peu ou sans surexcitation, il n’y a aucun risque sauf si tu as déjà un souci à la base.

Le deuxième facteur est lié à l’usage d’une mauvaise taille de pagaie : une pagaie longue sollicite fortement l’avant de l’épaule et la nuque, une pagaie courte sollicite fortement le milieu du dos et les lombaires.

Le troisième facteur est la monotonie des usages : si tu fais toujours la même session avec le même matériel, tu vas droit à la tendinite. Il faut varier les attitudes, les parcours, les conditions et surtout changer de pagaie. Avoir deux pagaies n’est pas un luxe car ça permet de vraiment mieux s’adapter aux conditions, de varier tes postures et tes efforts, et si tu en casses une tu peux quand même aller rider !

Le quatrième facteur est le shape de la voilure : selon le shape de ta pagaie, elle va sortir plus ou moins légèrement de l’eau, elle va te demander plus ou moins d’efforts, plus ou moins de concentration, t’offrir plus ou moins d’équilibre. Tout ceci va conditionner tes postures et tes efforts. Par exemple, si tu as mal aux genoux, passes sur une pagaie avec un gros volume de voilure et tu auras une attitude bien plus stable et donc moins d’efforts dans les segments inférieurs. Surprenant !

Le cinquième facteur est la jonction voilure/shaft : cette jonction peut être un point dur ou l’inverse. C’est elle qui donne la transmission d’énergie du shaft à la voilure. Bien souvent les gens trouvent que des pagaies sont rigides alors que le shaft est souple mais que cette jonction est raide. Il faut donc bien gérer ce flex et son dynamisme. Avoir un peu de flex mais un fort dynamisme aide vraiment au take off (accélération) par exemple mais est très pénible sur des longues distances.

Le sixième facteur est l’assemblage : la qualité d’un matériau est sans effet s’il est mal assemblé. En composite moderne, c’est flagrant. Tout le secret d’une bonne maitrise technologique d’un produit composite réside dans la parfaite maitrise de la combinaison des matières, dans la qualité des méthodes d’assemblage, dans la compréhension et la gestion des contraintes mécaniques. C’est un vrai travail de spécialistes.

Le septième facteur est la matière utilisée : le carbone a des qualités indéniables, tout comme le bois, la fibre, les différentes résines etc… etc… Il ne faut surtout pas tomber dans les excès et les stéréotypes. Le carbone ne fait pas plus mal qu’autre chose à condition que son utilisation soit faite correctement et que tu sois bien conseillé par rapport à l'usage que tu en auras. Idem pour le bois qui ne casse pas plus qu’autre chose s’il est bien assemblé et choisi. Bref, c’est avant tout la compétence du fabricant qu’il faut juger. La matière n’est que ce qu’elle est. Un bon fabricant qui comprend ce qu’il fait aura toutes les chances de sortir des produits fabuleux.

Donc prends bien en compte ces éléments et questionne les gens sur ces points précis. Tu verras vite si on te raconte des salades ;-)"

Le sujet est lancé !!!

Renaud
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Message par Renaud » jeu. août 20, 2009 3:17 am

Hello l'Ours! Merci de ces précisions. Voudrais-tu me conseiller?

Dans mes recherches sur les pagaies j'ai moulé trois voilures en cherchant le compromis masse/robustesse.
- la première est lourde et en béton armé, avec beaucoup de masse en bout de pale,
- la deuxième est lourde et rigide avec une masse plus répartie,
- la troisième est légère et rigide mais pas trop, comme je voulais (ouf!).

Ce sont des pales qui ont pas mal de drive et dont j'ai détaillée la fabrication du moule sur le forum.
Pour aller avec ça j'ai le choix entre un manche rigide (un peu comme les Gong carbone je pense) et un manche plus souple.

J'ai actuellement une pagaie GSI carbone de 195cm (shape entre la gong et la drops, voir les photos sur le post comparatif select/gsi) qui n'a pas de drive et est un peu courte et mal adaptée pour moi ici en ce moment où on fait seulement du flat, je compte donc me monter la dernière pale (la mieux à mon goût) avec un manche rigide en 200cm pour le plat.

Ma question est : avec quel manche assembler les deux autres pales et pour quel usage? Je pensais utiliser un manche souple avec une pale rigide, mais selon ce que tu écris, c'est plutôt adapté au take-off, donc au surf (avec alors une taille adaptée). Sinon, as-tu déjà essayé de juste scotcher la poignée pour tester et pouvoir recouper?

Kwaéri.

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Message par Ours » jeu. août 20, 2009 11:01 am

Hello,

pour la poignée redécollable, tu mets deux points de loctite et tu scotches pour stopper l'eau.

Perso, je n'aime pas du tout les shafts souples en surf. Je me fiche totalement de mon confort de rame parce que j'ai 20m à ramer, puis un truc à faire, puis 20m etc... Je veux en revanche une pagaie hyper performante en surf. Pour moi elle doit etre :
- hyper glissante pour qu'elle me freine au minimum, intrado comme extrado.
- nerveuse pour partir en un éclair.
- hyper raide car je déteste quand la pagaie plie lorsque je m'appuis dessus. Ca donne une conduite des courbes qui est très floue, ça fait de rebonds dans les bras et des gros mouvement de corps parasites.... Bref c'est horrible. Je préfère donc un shaft très raide.
- légèrement souple à la jonction pour avoir un petit effet de pomping à l'accélération. Léger.

A ta dispo si tu as des questions.

Renaud
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Message par Renaud » jeu. août 20, 2009 1:45 pm

Merci pour ta réponse.

Bonne idée la superglue pour la poignée. Faut voir si je n'ai pas trop de jeu, mais ça devrait le faire.

J'ai trois manches raides. Je vais donc en mettre un avec la pale légère pour la distance en 205cm recoupable et un avec la pale raide mais à masse homogène pour le surf en 200cm recoupable.

Avant ça j'ai quelques endroits à mastiquer. Je vous ferai des photos du résultat.


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Message par pierem » ven. août 21, 2009 11:36 pm

J'ai tester le scotche, c'est à fuir, l'olive se met à bouger des que le scotche prends l'eau et tu embarque de l'eau dans le manche...

une autre astuce sinon:

tu chauffes la poignée et le haut du shaft au seiche cheveux pour qu'ils soient bien chaud (ou raisonnablement au dessus d'un feu gaz si tu n'as pas de seiche cheveux, 50° à 60° suffisent) et tu appliques de la colle à pistolet (plastique fondu) et tu colles tant que c'est bien chaud et tu laisses refroidir....

ça ne bouge pas, c'est étanche si tu en mets bien tout autour et c'est repositionnable et retaillable a volonté, il suffit de bien chauffer pour retirer avec le seiche cheveux ou le gaz.

attention j'ai bien dis chauffer, pas de contact direct avec la flamme, je pense que le carbone supporte, l'epoxy moins et la flamme directe, je pense que ça abime la structure du carbone et que ça marque l'epoxy...
l'intérêt de chauffer et que la colle reste fluide pour coller les pièces l'une dans l'autre.

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Message par Renaud » sam. août 22, 2009 5:21 am

Intéressant la colle chaude. En fait je pense que je vais enrouler du shaterton pour que l'olive rentre en force et faire l'étanchéité et l'immobilisation par un filet de colle chaude déposée au pistolet en haut. Comme ça un coup de cutter suffira pour désolidariser le tout, sans chauffer.

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Message par Ours » sam. août 22, 2009 9:30 am

Hello,

juste pour signaler que la résine époxy perd ses qualités mécaniques quand on la chauffe.

Le scotch ne doit servir que pour faire l'étanchéité, un tour de scotch d'électricien par exemple. Sinon ça se démonte au bout de trois coups de rame.

Bons rides.

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Message par pierem » sam. août 22, 2009 11:16 pm

rectification:

aujourd'hui après une session de 3 heures, je me suis rendu compte qu'un peu d'eau est entrée dans le shaft, donc pour ceux qui font du pistolet a colle ne pas hésiter à charger le tube en colle avant d'emmancher l'olive, parce que moi j'ai été trop timide.

Ours, tu confirmes mes doutes pour l'epoxy, j'étais pas sûr que c'était une bonne idée de le chauffer... (ma pagaie est en carbone)

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Message par Ours » dim. août 23, 2009 3:12 pm

Hello,

En fait, d'une manière très générale et sans rentrer dans les détails, une résine époxy perd ses qualités techniques à partir de 30° au dessus de sa température de séchage. En gros, si tu fais une pagaie par 20°, elle va commencer à se "ramollir" à partir de 50°. Attention, je parle de la température de la matière qui peut être bien supérieure à celle de la température ambiante. On a ainsi relevé des températures de plus de 90° dans les strats de pagaies par seulement 30° à l'ombre !!!
On s'aperçoit donc qu'il faut systématiquement protéger son matériel des rayonnements. Et même pour 5 minutes car ça va très très vite !

La solution pour faire des produits qui résistent est de les cuire par tranche de 20° supérieurs au séchage ceci par étapes de 12/24h jusqu'à atteindre des températures de résistances optimum. MAIS, si on arrive à cuire une pagaie jusqu'à 60° par exemple, vous constatez qu'on arrive toujours aux limites mécaniques en cas de forte exposition à la chaleur.

Alors entre faire une pagaie qui va couter une tonne (temps de travail énorme) et bien protéger sa pagaie, je crois qu'il faut surtout en prendre grand soin et respecter les règles suivantes :
- toujours à l'abris de la lumière directe, y compris celle de la lune pour d'autres raisons (jaunissement, craquelures).
- ne jamais donner des chocs à votre pagaie, ceci est surtout valable hors de l'eau, du type elle tombe sur un angle de trottoir...
- éviter de tomber shaft vertical car la planche ou vous pouvez casser le shaft en deux bien plus facilement que dans toutes les situations à plat.


Je voudrais ajouter un autre élément à propos des pagaies et des matériaux.
Il est d'usage d'utiliser la comparaison suivant. Elle est très shématique mais elle donne des repères assez justes.
On dit souvent que lorsqu'on plie un tube des matières suivantes :
- l'aluminium met 4 fois plus de temps à revenir en position initale que le carbone.
- la fibre de verre met 2 fois plus de temps à revenir en position initaile que le carbone.

C'est très idéalisé mais ça donne un ordre de grandeur des différences de dynamique entre les matériaux.

Attention, vous savez qu'une fibre (de verre, de carbone, de Kevlar etc...) est tissée. On met un certain nombre de fibre dans un sens, un autre dans un autres etc... Le grand classique est 50% de fibre dans un sens et 50% dans l'autre. Mais on peut faire de l'Uni-Directionnel (UD) jusqu'à 90%/10% par exemple. On peut aussi avoir plusieurs axes. C'est ainsi que l'on travaille sur la technologie Highteck GONG pour avoir des caractéristiques mécanique au top. Sur une pagaie, c'est pareil. Alors notez qu'entre un 50/50 de carbone et un 90/10 de verre bien positionné, les résultats mécaniques seront différents mais bien plus proches que dans le cas d'une utilisation d'un même tissage.
Encore une fois, c'est la compétence du fabricant qui va faire que le produit sera très bon.

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Message par fab. » lun. août 31, 2009 6:35 pm

salut l'ours
je suis impatient de tester une nouvelles pagaie drops ? mais pour ça j'aimerais savoir si tu as lu mon (mes) mails parmis les centaines que tu as a traiter ?
ya t-il des avis d'autres personnes que toi pour motiver mon achat futur ?
j'attends vos commentaires!
merci
Fab :wink:

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Message par Ours » lun. août 31, 2009 7:42 pm

Hello,

je m'en occupe asap.
Merci.

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Message par Ours » mer. sept. 16, 2009 6:46 pm

Autre point qui a son importance : l'accroche.

En effet, entre une pagaie ultra fluide et une pagaie plus "rugueuse", les différences sont énormes que ça soit à la rame, en attente au pic ou en surf.

Certains shapes "retiennent" l'eau comme si elles s'y accrochaient. Se sont souvent des formes taillées à la hache ou à l'intrado très creux.

Une pagaie de ce type, très accrocheuse, apporte un confort énorme dans les conditions imparfaites. Elle offre un ajout de controle dans l'appuis dans toutes les situations. C'est top en attente car on peut vraiment s'y tenir pour garder l'équilibre, elle est solidement ancrée dans l'eau. En surf, le bottoms sont plus sûrs et les survitesses sont mieux gérées.
A l'extrème, elle va peut être rebondir à très hautes vitesses ou vous tirer en arrière.
A la rame, la voilure plonge moins vite dans l'eau et on récupère de la stabilité et de la projection en avant dans le clapot, là où on aurait tendance à rester sur les talons sinon.

Une pagaie très fluide sera idéale en surf. Elle ne vous freine presque pas, elle glisse de folie. A la rame, elle a une sortie d'eau magnifique et légère, super agréable. En attente, c'est ultra réactif.
Revers de la médaille, dans le clapot elle est moins fiable. Elle glisse trop. Du coup votre poids est essentiellement sur la planche donc vous faites des fautes de rail car un SUP se drive avec du poids dans la pagaie. Mais si celle ci fuit sans cesse, vous ne pouvez plus être dessus.

Quand on parle de quiver de pagaies, l'éventail des choix est infini et passionnant. Combinez ces possibilités avec celles d'un quiver de boards et ça devient science po...
Mais la performance est à ce prix.

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Message par Dadajul » dim. oct. 11, 2009 8:21 pm

J'utilise en ce moment une pagaie shaft en carbone, voile bois : c'est l'éclate !
Réactivité, accroche au rendez-vous et le dos est content ! Bientôt un modèle équivalent chez Gong ?

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Message par Ours » lun. oct. 12, 2009 11:24 am

Hello,

on y travaille ;-)

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Message par Dadajul » lun. oct. 12, 2009 12:59 pm

Génial ! Tiens moi au jus j'en prendrai surement une pour un autre programme !

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