Pourquoi?
J'ai toujours été un fana de dérives, prêt à tester différents concepts. Mais depuis que j'ai les Quobba, impossible de tester autre chose. J'ai même acheté des Cheyne Horan EZ3 que je n'ai jamais eu le courage d'essayer... Du coup je me suis dit: pourquoi ne pas simplement retailler des Quobba en EZ3? Le meilleur des deux mondes. Du coup, en ce moment, j'expérimente pas mal. Comme les Quobba sont super efficaces (moins de traînée et plus de portance) de par leur base, je me suis senti libre de travailler sur la tête, sachant que le "job" était fait par la base, je pouvais virer le reste.
Comment?
Je coupe, et je refais un profil "à l'oeil" en coinçant une ponceuse orbitale à l'envers dans mon établi, et je tiens la dérive en main et fait des passes en oscillant (mouvement de bascule, "rocking" le long du profil) contre le disque de la ponceuse. Je trouve que on contrôle super bien ce que l'on fait. Une ponceuse orbitale ou vibrante est plus safe que une ponceuse rotative, car on ne s’abîme pas les mains si elles viennent en contact avec le disque.
Pour le profil j'essaie de me rapprocher des profils classiques d'aile d'avion (sans oublier de faire un Donaldson) du genre:
Pour le template de la pointe de la tête, j'essaie de m'imaginer l'eau arrivant dessus, il faut que le chemin que l'eau ait à faire pour passer par dessous la tête et engendrer un vortex soit plus long que simplement longer les cotés: cela donne un outline elliptique.
Principes?
En gros, on peut travailler sur deux choses:
- La profondeur. Plus la dérive sera courte, plus la planche basculera facilement sur le coté ("rail to rail"), avec moins de latence pour amorcer le virage.
Elle aura alors moins de tenue, mais le tail sera plus libre, les dérives décrochant ("release") pour faciliter la rotation en fin de virage.
Le couple exercé par la dérive sur la cheville sera aussi moins fort (centre de poussée moins éloigné de la carène), on sera donc moins crispé et plus souple. Mais par contre on aura moins d'appui pour pousser sur les dérives à basse vitesse pour relancer: le pomping sera moins efficace, un peu d'énergie sera perdu dans un léger dérapage du tail. - la largeur en tête (ce que on appelle parfois à tort le rake). On gagne alors de la vitesse (moins de traînée), le couple est aussi moins fort comme pour une réduction de profondeur (la surface de la dérive est rapprochée de la carène), la dérive se "cale" plus facilement toute seule dans les filets d'eau. Par contre, on perd de l'appui à basse vitesse, mais surtout la dérive est moins tolérante sur de gros angles d'attaque: on va décrocher plus facilement dans le clapot, et les bon surfeurs vont manquer d'appui pour un surf vertical "de compète". En gros c'est rechercher exactement l'inverse des dérives S-Wing. A noter que du coup la dérive est soumise à moins de "twist" (l''empennage" de la tête n'agit plus pour torde la dérive dans le sens des filets d'eau) donc c'est mieux de prendre des dérives pas trop raides pour cela, pour avoir un peu de flex pour compenser.
Ma Mob
Sur ma Mob, j'ai voulu la libérer pour la rendre la plus joueuse possible ==> réduction de profondeur des arrières, et augmenter sa vitesse ==> affiner la tête des avants, puisque c'est une planche prévue pour un surf horizontal. Résultat bluffant, la planche est transformée! Rapide et ultra-joueuse, sans décrochage si on prend bien du rail en virage: elle décrochera plus facilement en virage à plat, mais ce qui est un avantage dans les petites vagues de son programme.
Profondeur des avants: 120mm (pratiquement pas réduite), des arrières: 78mm
Ma Fatal
Le programme de la Fatal étant un surf plus vertical, j'ai gardé des avants normaux pour les appuis francs (ils sont en plus en carbone), mais ai juste réduit la profondeur du central pour un montage similaire à un twin + trailer pour augmenter sa vivacité. Là encore, mission réussie, la planche gagne en vivacité mais ne perd pas en drive car la base des Quobba assure. J'avais eu des déboires en prenant un petit trailer "normal", qui décrochait trop en fin de virage et tuait la vitesse. Pas de ça avec le Quobba tronqué.
Profondeur des avants: 121mm (le standard des Quobba L), de l'arrière: 103mm
Mon Alley
J'ai en fait deux Alleys (bon, trois...). Une 2022, avec un shape génial pour le surf vertical, et une 2019 que j'ai gardé pour son rocker plus tendu et que j'utilise dans des conditions où j'ai besoin de vitesse (vagues molles ou sections rapides: elle joue en fait le rôle d'une Karmen dans mon quiver, mais avec le "feeling Alley"). Je n'ai pas voulu toucher aux dérives sur ma 2022 pour ne pas compromettre les appuis nécessaires à un surf vertical, mais comme j'utilisais la 2019 pour sa vitesse, j'ai réduit les têtes des dérives pour gagner en vitesse et aussi en liberté du tail (avec une tête un poil plus affinée sur la centrale) pour se caler finement sur la ligne la plus rapide de la vague (vagues tubulaires). Et ça marche, j'ai passé aujourd'hui des sections incroyablement rapides. Par contre, on sent nettement un manque pour les virages verticaux, il faut plus garder la planche en vitesse, prendre du rail, pour compenser la plus faible relance. Un montage donc "de niche", pas forcément à recommander pour l'Alley pour "tous les jours", mais adapté pour un quiver, ou surtout je pense pour une planche comme la Karmen qui se surfe plus en vitesse/carving.
Profondeur des avants: 120mm, de l'arrière: 120mm, pratiquement la même que le standard de 121mm
Et vous, avez vous des expériences à partager?
PS: rappel des dimensions des Quobba:
Note: I also mentioned these experiments in English at https://www.seabreeze.com.au/forums/Sta ... 10#2788032