Choisir sa pagaie

Comment choisir sa pagaie de Stand Up Paddle ?

– La taille : Il vous suffit de vous fier à notre table de tailles. Sachez que c’est en moyenne votre taille x 1.12.
Ce coefficient est à ponderer ou à majorer fortement en fonction de votre niveau, de votre style, de votre gabarit et des conditions (consultez la page Paddle Size des How To pour plus d’infos).
Sachez qu’en effet il n’est pas rare que des SUPers aient plusieurs pagaies différentes en fonction des conditions et de ce qu’ils veulent faire. Utiliser une pagaie plus courte dans des conditions de vent on shore ou de vagues très creuses est un vrai plus par exemple.
Une pagaie plus courte sera très maniable et peu puissante. Une pagaie plus longue sera vraiment genante au surf, physique à tirer et augmentera fortement le row.

– Les formes de pales :
Elles sont très importantes. Pour un débutant, une pagaie symétrique (face avant et arrière indéfinies) est indispensable. En effet, c’est déjà compliqué de tenir de bout, si en plus il faut sans arrêt se demander si la pale est dans le bon sens, c’est vite pénible. Ensuite, les reflexes se mettent en place et vous pouvez passer sur une pale asymétrique.
Attention, avec une pagaie symétrique, il n’y a pas d’angle entre le shaft et la pale. Si vous ramez trop loin derrière vous, derrière vos pieds, vous allez vous casser le dos pour rien. Vous allez en effet soulever de l’eau au lieu de la pousser pour vous propulser.
Pour un confirmé, une pale asymétrique offre un vrai confort au surf avec un appui très en glisse et une grande maniabilité. Le drive obtenu avec la pagaie est lui aussi de bien meilleure qualité. En balade ou en longue distance, une pagaie asymétrique sera beaucoup plus propulsive et vous donnera plus d’équilibre. C’est une aide précieuse pour ne pas fatiguer inutilement.

– L’accroche :
En effet, entre une pagaie ultra fluide et une pagaie plus “rugueuse”, les différences sont énormes que ça soit à la rame, en attente au pic ou en surf.
Certains shapes “retiennent” l’eau comme si elles s’y accrochaient. Se sont souvent des formes taillées à la hache ou à l’intrado très creux.
Une pagaie de ce type, très accrocheuse, apporte un confort énorme dans les conditions imparfaites. Elle offre un ajout de controle dans l’appuis dans toutes les situations. C’est top en attente car on peut vraiment s’y tenir pour garder l’équilibre, elle est solidement ancrée dans l’eau. En surf, le bottoms sont plus sûrs et les survitesses sont mieux gérées.
A l’extrème, elle va peut être rebondir à très hautes vitesses ou vous tirer en arrière.
A la rame, la voilure plonge moins vite dans l’eau et on récupère de la stabilité et de la projection en avant dans le clapot, là où on aurait tendance à rester sur les talons sinon.
Une pagaie très fluide sera idéale en surf. Elle ne vous freine presque pas, elle glisse de folie. A la rame, elle a une sortie d’eau magnifique et légère, super agréable. En attente, c’est ultra réactif.
Revers de la médaille, dans le clapot elle est moins fiable. Elle glisse trop. Du coup votre poids est essentiellement sur la planche donc vous faites des fautes de rail car un SUP se drive avec du poids dans la pagaie. Mais si celle ci fuit sans cesse, vous ne pouvez plus être dessus.
Quand on parle de quiver de pagaies, l’éventail des choix est infini et passionnant. Combinez ces possibilités avec celles d’un quiver de boards et ça devient science po…
Mais la performance est à ce prix.

– Les matériaux sont importants.
Un débutant devra rechercher une pagaie relativement lourde car le poids apporte de l’équilibre de la même façon que la perche du funambule. Un modèle en aluminium est donc tout à fait adapté.
Un confirmé va chercher de la fréquence, de la maniabilité en main, du dynamisme, donc un produit léger et nerveux du type composite (fibre, carbone ou mixte).

– la dynamique :
La matière des pales est plus cosmétique que réellement différenciante. Une pale en plastique de base est presque aussi performante à forme égale qu’une pale fibre.
La différence se fait sur la rigidité du profil. Un profil plastique bien conçu se déforme peu mais nécessite des renforts de structure grossiers qui pénalisent la glisse en surf. En même temps ils créent une accroche qui stabilise les débutants.
La différence cruciale est au niveau de la jonction voilure/shaft. C’est bien souvent celle ci qui donne l’impression d’avoir une pagaie rigide ou souple en mains. Elle détermine en effet la transmission de l’énergie du shaft à la voilure. Une légère souplesse mais avec de la dynamique apporte une meilleure accélération. Une rigidité totale apporte une grande efficacité en longue distance.
La matière des shafts est cruciale. Un shaft en aluminium est souple et agréable sans être très performant. Un shaft en fibre est tonique et au top de l’efficacité.
Il est d’usage d’utiliser la comparaison suivant. Elle est très schématique mais elle donne des repères assez justes.
On dit souvent que lorsqu’on plie un tube des matières suivantes :
1/ l’aluminium met 4 fois plus de temps à revenir en position initiale que le carbone.
2/ la fibre de verre met 2 fois plus de temps à revenir en position initiale que le carbone.
C’est très idéalisé mais ça donne un ordre de grandeur des différences de dynamique entre les matériaux.
Attention, vous savez qu’une fibre (de verre, de carbone, de Kevlar etc…) est tissée. On met un certain nombre de fibre dans un sens, un autre dans un autres etc… Le grand classique est 50% de fibre dans un sens et 50% dans l’autre. Mais on peut faire de l’Uni-Directionnel (UD) jusqu’à 90%/10% par exemple. On peut aussi avoir plusieurs axes. C’est ainsi que l’on travaille sur la technologie Highteck GONG pour avoir des caractéristiques mécanique au top. Sur une pagaie, c’est pareil. Alors notez qu’entre un 50/50 de carbone et un 90/10 de verre bien positionné, les résultats mécaniques seront différents mais bien plus proches que dans le cas d’une utilisation d’un même tissage.
Encore une fois, c’est la compétence du fabricant qui va faire que le produit sera très bon.

– la solidité :
Les qualités de résistance des différents matériaux sont fondamentales. Ainsi l’aluminium est solide mais il est lourd lorsque pour moins de poids on obtient la même solidité avec de la fibre de verre et pour encore moins de poids avec du carbone.
Attention, il faut bien différencier la solidité à la cassure due à la flexion, celle cont on parle souvent (paragraphe ci dessus), et la solidité aux chocs, celle qui est la plus mise en jeu à l’eau.
Dans le cadre de la solidité aux chocs, les rapports s’inversent totalement car le carbone est très “cassant”, très sensible au chocs, la fibre de verre un peu moins et l’alu presque pas.
Il faut ensuite bien prendre en compte le role de la résine qui est un liant dans la fabrication mais qui est surtout un transmetteur d’énergie d’une fibre à l’autre une fois en forme. Ses qualités mécaniques ou de transmission mécanique sont primordiales.
En fait, d’une manière très générale et sans rentrer dans les détails, une résine époxy commence à perdre ses qualités techniques à partir de 30° au dessus de sa température de séchage. En gros, si on fait une pagaie par 20°, elle va commencer à se “ramollir” à partir de 50°. Attention, il s’agit de la température de la matière qui peut être bien supérieure à celle de la température ambiante. On a ainsi relevé des températures de plus de 90° dans les stratifications de pagaies par seulement 30° à l’ombre !!!
On s’aperçoit donc qu’il faut systématiquement protéger son matériel des rayonnements. Et même pour 5 minutes car ça va très très vite !
La solution pour faire des produits qui résistent est de les cuire par tranche de 20° supérieurs au séchage ceci par étapes de 12/24h jusqu’à atteindre des températures de résistances optimum. MAIS, si on arrive à cuire une pagaie jusqu’à 60° par exemple, vous constatez qu’on arrive toujours aux limites mécaniques en cas de forte exposition à la chaleur.
Alors entre faire une pagaie qui va couter une fortune (temps de travail énorme) et bien protéger sa pagaie, il faut surtout en prendre grand soin et respecter les règles suivantes :
– toujours à l’abris de la lumière directe, y compris celle de la lune pour d’autres raisons (jaunissement, craquelures).
– ne jamais donner des chocs à votre pagaie, ceci est surtout valable hors de l’eau, du type elle tombe sur un angle de trottoir…
– éviter de tomber shaft vertical car la planche ou vous pouvez casser le shaft en deux bien plus facilement que dans toutes les situations à plat.

Tout est donc affaire de compromis. D’où la nécessité de s’adresser à de vrais connaisseurs du SUP, qui vivent ce sport unique.

– FAQ :
“J’utilise actuellement une pagaie alu/plastique et j’aimerais passer à autre chose. Je pensais prendre une pagaie en bois pour son charme et pour mon dos mais vu le SAV et les risques de casse ça me fait peur ; peux tu me conseiller, j’ai lu que les pagaies carbone sont très bien mais peuvent faire mal au dos ? J’utilise mon SUP principalement pour le surf et peu pour la balade.”
Voici la réponse de l’Ours :
“Pour les pagaies, on lit tout et n’importe quoi !!!
Voici une analyse des facteurs dans leur ordre d’importance décroissant :
1/ Le premier facteur de traumatisme est l’intensité de pratique : si tu rides peu ou sans surexcitation, il n’y a aucun risque sauf si tu as déjà un souci à la base.
2/ Le deuxième facteur est lié à l’usage d’une mauvaise taille de pagaie : une pagaie longue sollicite fortement l’avant de l’épaule et la nuque, une pagaie courte sollicite fortement le milieu du dos et les lombaires.
3/ Le troisième facteur est la monotonie des usages : si tu fais toujours la même session avec le même matériel, tu vas droit à la tendinite. Il faut varier les attitudes, les parcours, les conditions et surtout changer de pagaie. Avoir deux pagaies n’est pas un luxe car ça permet de vraiment mieux s’adapter aux conditions, de varier tes postures et tes efforts, et si tu en casses une tu peux quand même aller rider !
4/ Le quatrième facteur est le shape de la voilure : selon le shape de ta pagaie, elle va sortir plus ou moins légèrement de l’eau, elle va te demander plus ou moins d’efforts, plus ou moins de concentration, t’offrir plus ou moins d’équilibre. Tout ceci va conditionner tes postures et tes efforts. Par exemple, si tu as mal aux genoux, passes sur une pagaie avec un gros volume de voilure et tu auras une attitude bien plus stable et donc moins d’efforts dans les segments inférieurs. Surprenant !
5/ Le cinquième facteur est la jonction voilure/shaft : cette jonction peut être un point dur ou l’inverse. C’est elle qui donne la transmission d’énergie du shaft à la voilure. Bien souvent les gens trouvent que des pagaies sont rigides alors que le shaft est souple mais que cette jonction est raide. Il faut donc bien gérer ce flex et son dynamisme. Avoir un peu de flex mais un fort dynamisme aide vraiment au take off (accélération) par exemple mais est très pénible sur des longues distances.
6/ Le sixième facteur est l’assemblage : la qualité d’un matériau est sans effet s’il est mal assemblé. En composite moderne, c’est flagrant. Tout le secret d’une bonne maitrise technologique d’un produit composite réside dans la parfaite maitrise de la combinaison des matières, dans la qualité des méthodes d’assemblage, dans la compréhension et la gestion des contraintes mécaniques. C’est un vrai travail de spécialistes.
7/ Le septième facteur est la matière utilisée : le carbone a des qualités indéniables, tout comme le bois, la fibre, les différentes résines etc… etc… Il ne faut surtout pas tomber dans les excès et les stéréotypes. Le carbone ne fait pas plus mal qu’autre chose à condition que son utilisation soit faite correctement et que tu sois bien conseillé par rapport à l’usage que tu en auras. Idem pour le bois qui ne casse pas plus qu’autre chose s’il est bien assemblé et choisi. Bref, c’est avant tout la compétence du fabricant qu’il faut juger. La matière n’est que ce qu’elle est. Un bon fabricant qui comprend ce qu’il fait aura toutes les chances de sortir des produits fabuleux.

Donc prends bien en compte ces éléments et questionne les gens sur ces points précis. Tu verras vite si on te raconte des salades ;-)”