Les bases +

Nous avons demandé à l’Ours de nous en dire un peu plus sur sa méthode de réflexion concernant les pagaies de surf en SUP.
Voici sa réponse :

“Pour mieux comprendre l’utilisation du matériel en SUP dans les vagues, on peut décomposer le surf en trois catégories de moves :

Les moves In. Ce sont les moves de type bottom turn. On vient de prendre de la vitesse et il s’agit de la concentrer vers une figure à proprement parler. Dans les moves In, on est en appui sur la pagaie. C’est l’extrado de la voilure qui est sur l’eau et agit comme une planche. Dans ces moves, plus la pagaie est raide, plus les trajectoires sont précises. En effet, toute flexion de la pagaie, quand vous chargez le poids de votre corps dessus, engendre une augmentation de la prise de carre. Plus la planche est grosse ou plus la vague est puissante et plus cette règle est flagrante. Une pagaie molle va vous demander d’anticiper sa flexion. Si vous ne le faites pas, vous allez trop vous engager dans la courbe, au risque de ne pas en sortir proprement, ou faire de grosses fautes d’appuis.

 

Les moves Out. Ce sont les moves de type top turns. On utilise la pagaie dans son aspect propulsif, souvent dans un temps très court, pour rebasculer la planche dans la pente vers la trim line. C’est donc l’intrado de la voilure qui est sollicité. Plus il est puissant et plus le pivot dans le turn est potentiellement violent. De même, plus votre pagaie est raide, plus vous avez une conduite potentiellement radicale grâce à une réactivité maximale de vos actions.

 

Les Drag moves. Ce sont tous les moves où l’on utilise la succion de l’eau sur la pagaie, son accroche en quelque sorte. Typiquement ce sont les tubes, les lay back, mais aussi tous les noses et les 360°. Dans les Drag moves, la pagaie est plus en arrière, les écoulements se font plus de haut en bas sur votre pagaie. Plus elle tire de l’eau, plus vous avez d’accroche, moins elle tire et plus vous allez vite. Dans les tubes, on va chercher cet effet et même l’augmenter en “vrillant” la main haute pour tourner la voilure dans l’eau et générer encore plus de succion pour se caler plus profond. Le phénomène de succion est capital car il permet de gérer la vitesse sans varier les appuis sur la planche.

On pourra aussi isoler les phénomènes de transitions. En effet, le passage d’un style de move à un autre implique une transition.

Par exemple, un shaft souple vous engage trop loin dans vos appuis sur la pagaie au bottom. Toute cette distance de flexion que votre corps suit devra être parcourue dans l’autre sens avant d’aller frapper un top turn. Si votre pagaie est molle, votre surf est mou.

De plus, une pagaie à forte succion donnera une gestion simple de la vitesse mais elle sera un vrai frein quand il s’agira d’enchainer les figures car la sortir de l’eau pour aller sur un Out move vous prendra du temps et de l’énergie.

Notez que je passe volontairement sur la notion de propulsion à la rame. En effet, tout le monde peut vous fabriquer une pagaie qui vous fait avancer. Les kayakistes, les polynésiens, personne n’a

attendu le SUP pour savoir faire une pagaie qui rame vite et fort. La nouveauté est de devoir gérer des éléments de surf avec une grande amplitude. En cela, la recherche sur les pagaies de SUP est une aventure à elle toute seule.

La qualité de rame d’une pagaie de SUPsurf n’est pas à négliger mais c’est pour moi un élément d’importance très faible dans la recherche du plaisir et de l’efficacité.

Il faut noter que les qualités demandées pour les moves Out sont proches de celles de la phase de traction à la rame. De même, celles des Drag moves sont similaires aux besoins à la rame pour une

sortie d’eau efficace et un trajet aérien optimisé. Enfin les moves In proposent des contraintes proches de celles de l’entrée d’eau, l’attaque, à la rame.

Avec cette grille de lecture, je peux concevoir de meilleures pagaies, mieux penser mon surf et mieux conseiller mes clients.” L’Ours

Shaper : Patrice Guénolé et GONG Surfboards.

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